Cécile Mathys

EN SAVOIR PLUS À PROPOS DE CÉCILE

Quel est mon parcours ?

Je suis détentrice d’une licence et d’un doctorat en psychologie et suis Professeure au sein du département de criminologie de l’ULiege depuis 2014. Je travaille depuis 18 ans auprès des mineurs en conflit avec la loi, principalement ceux en milieux de placement et pris en charge au niveau des Institutions Publiques de Protection de la Jeunesse (IPPJ).

Initialement, j’ai travaillé comme psychologue au sein d’une IPPJ prenant en charge sur une très courte durée ces jeunes. Au départ des observations réalisées et questionnements soulevés, j’ai souhaité me tourner vers la recherche, avec déjà l’objectif de connecter pratiques cliniques et données scientifiques.

Mon point de départ a été la compréhension des relations interpersonnelles établies entre jeunes au sein des groupes (sections) de vie et les liens avec les conduites manifestées (pouvaient-ils s’influencer l’un l’autre, si oui comment, et pouvait-on aussi observer des influences dites positives ou prosociales ?).

Déjà à ce moment, et certainement en accord avec ma nature optimiste en général et sur l’être humain en particulier, je m’attelais à démontrer que ces influences pouvaient se penser de différentes façons et être porteuses pour la prise en charge. En effet, je ne suis pas partisane du « rien ne marche » ou encore « la mesure de placement est inefficace », préférant adopter un regard réaliste et nuancé sur ces questions, tout comme respectueuse des professionnels de ces prises en charge oh combien complexes.

Par la suite, j’ai souhaité déployer ces questionnements de façon plus large, et intégrer différentes composantes de la prise en charge, sous le prisme du climat social. Actuellement, ce sont les questionnements autour de l’évaluation des mineurs en conflit avec la loi qui m’animent principalement.

La question de l’intervention et des objectifs poursuivis reste au cœur de mes préoccupations, toutefois examiner le point de départ, et la façon dont les jeunes sont rencontrés et « questionnés » me semble incontournable.

Mon souhait étant de pouvoir intégrer les valeurs défendues par le CRI’J quant à l’évaluation des mineurs en conflit avec la loi. Concrètement, de pouvoir inclure l’analyse effective des forces et compétences qu’ils présentent, à côté des facteurs de risque communément pris en compte.

Aussi, depuis 2015, une importante recherche action est développée autour de l’implémentation de pratiques d’évaluation et d’intervention centrées sur les forces des mineurs en conflit avec la loi auprès des intervenants psycho-sociaux provenant des 6 IPPJ existantes en Communauté Française et de l’ensemble des équipes mobiles d’accompagnement (EMA).

En parallèle, d’autres axes de recherche se sont développés, en accord avec les préférences des membres du CRI’J, ma curiosité envers certaines conduites et la volonté de pouvoir nourrir mes enseignements, ou encore le besoin de discuter des prénotions autour du mineur en conflit avec la loi e participer à une vision plus juste de leur situation.

Pourquoi avoir développé le CRI’J ?

Le CRI’J est né de ma volonté de réunir une série d’acteurs avec qui je collabore régulièrement dans ma pratique professionnelle, que ce soit au sein de mes activités de recherche, d’enseignement ou de services à la communauté. L’objectif premier était de mutualiser ces savoirs, mais surtout les savoir-faire et savoir-être autour des prises en charge et interventions auprès des mineurs en conflit avec la loi. Dans un second temps, l’idée est venue de présenter les projets sur lesquels nous travaillons et d’en visibiliser le fil conducteur qui nous anime toutes et tous.

En effet, j’ai pu constater que trop souvent les informations diffusées au sein de divers canaux de communication sont disparates ou correspondent à des canevas prédéfinis qui me semblaient incomplets. Je souhaitais mettre en évidence la vision intégrative des différents projets du CRI’J, composés de recherches plutôt classiques à visée explicative, mais aussi les projets à visée appliquée, et enfin, les activités cliniques développées. Ceci participant à créer l’identité du CRI’J et les valeurs que nous défendons.

Ces valeurs sont, entre autres :

– Une focale sur les processus de désistement, en parallèle du paradigme de la récidive, encore incontournable en criminologie
– Une intégration de la place et des voix des jeunes en conflit avec la loi dans les projets menés
– Un ancrage sur les forces et les potentialités de ces jeunes dans toutes les activités du CRI’J, se déployant au départ de l’approche centrée sur les forces
– Une criminologie et une clinique de l’action, avec une visée appliquée quant aux projets développés : c’est-à-dire qui cherche promouvoir des référentiels théoretico-pratique (à l’instar du Good Lives Model) pour faire des liens entre recherche et pratique, en veillant à l’intégration des retours principaux concernés (jeunes et professionnels)
– Une attention pour les questionnements éthiques au sein des pratiques de recherche et de clinique

Quels sont les atout du CRI’J ?

Il est pour moi essentiel de réunir différentes expertises et expériences autour de la compréhension des conduites délinquantes à l’adolescence, avec une attention particulière pour les pratiques de prises en charge. La plupart des membres du CRI’J présente un intérêt marqué pour la recherche appliquée, avec la volonté d’échanger et de construire des axes de recherche avec les milieux de terrain prenant en charge des jeunes en conflit avec la loi